Chaque année, la Mission laïque française rassemble autour d’une question contemporaine liée à l’éducation, les personnels d’encadrement des établissements qui composent son réseau traditionnel (écoles, collèges et lycées en pleine responsabilité et partenaires de la Mlf, de l’OSUI et de la MLCI).
Ces réunions annuelles mobilisent également les dirigeants de grandes institutions étatiques, des acteurs des académies partenaires, ainsi que des représentants de l’ensemble de la communauté éducative.
La Mission laïque française a organisé son congrès annuel à Rabat, du 8 au 10 mai 2022. Un congrès anniversaire qui marque les 120 ans d’engagement de l’association au service de l’éducation dans le monde. Après deux ans de pandémie, de bouleversements majeurs dans l’organisation de notre système éducatif, la communauté du réseau mlfmonde s’est réunit pour évoquer ensemble les nouveaux enjeux qui attendent l’association et ses réseaux d’établissements scolaires à travers le monde.
Les trois journées du congrès ont été articulé autour de trois thèmes :
Le congrès Mlf fut aussi l’occasion d’accueillir les 3e rencontres de la webradio scolaire.
L’Etat souhaite doubler d’ici 2030 le nombre d’élèves de l’enseignement français homologué à l’étranger(EFE).
Comment y parvenir ? Comment convaincre de nouveaux publics de la pertinence d’engager leurs enfants dans une scolarité française, puisqu’à effectif constant, l’objectif ne peut être atteint ? Comment apprendre à connaître les élèves pour les accompagner ensemble tout au long de leur scolarité ?
Les trois journées du congrès se sont construites autour de trois séries de questions :
Le congrès fut organisé autour de communication avec des chercheurs et des praticiens et a réuni plus de 500 personnes : enseignants, personnels d’encadrement, de direction, partenaires institutionnels de la Mlf et pour la première fois des élèves et des représentants des parents d’élèves.
Nous avons essayé de répondre à une partie de la question: « l’école, pour qui et surtout pour y faire quoi ? »
Cet acte I du congrès a d’abord permis d’évoquer l’avenir, de parvenir à articuler un projet d’instruction qui soit beaucoup plus complet que ne le laissent penser les programmes, et davantage à la hauteur des ambitions que les parents nous prêtent.
La Mlf a souhaité ainsi développer le dialogue entre pairs, la problématisation des situations, l’interpellation du monde de la recherche pour qu’il puisse nourrir la culture scolaire à l’étranger de tout l’apport des sciences cognitives et comportementales autour de la construction de l’enfant et de la culture d’établissement.
Aux multiples réflexions en cours, la Mlf souhaite que le cycle des deux congrès de 2019 et 2020, enrichis de ceux de New-York (attractivité de l’EFE) et Deauville (qu’est-ce qu’une pédagogie laïque ?) apporte une contribution qui aborde la valeur de l’EFE sous l’angle de la cohésion et de l’efficacité de l’établissement.
Même si l’ordre des priorités s’est progressivement inversé dans la société moderne, la mission de l’école ne dissocie pas la construction citoyenne de la réussite personnelle pour faire advenir la liberté, l’égalité, la fraternité, valeurs cardinales de la République. Leur récente remise en cause, comme forme de l’intérêt général, dans une conjoncture internationale troublée, a récemment conduit à renforcer à l’école une pédagogie de la laïcité qui rende sensible pour les élèves le principe fondamental d’organisation de la nation et de la vie en société. A l’étranger, l’école française, très appréciée pour les effets de sa pédagogie, ne saurait toutefois sans risque être prosélyte de la laïcité.
Dans tous les cas de figure pourtant, et quelles que soient les difficultés qu’elle rencontre, la pédagogie française porte la laïcité et l’école française promeut une pédagogie de la liberté de conscience et de la neutralité, du respect d’autrui et de la diversité : quels sont ses atouts, ses outils, quels sont aussi les contraintes qu’elle rencontre dans l’organisation scolaire, notamment à l’étranger ? Quelles sont surtout les évolutions à prévoir pour que ce modèle conserve le capital de confiance que lui accordent la société française et ses partenaires à l’étranger ?
Tel fut l’objet du congrès 2018 de la Mlf : une réflexion sur une pédagogie laïque en acte et en devenir, au service d’une école de la réussite et de la citoyenneté, en France et à l’extérieur.
L’attractivité de l’enseignement français à l’étranger (EFE) est communément rapportée à sa qualité, c’est-à-dire aux résultats qu’y obtiennent les élèves mais aussi au prestige de l’héritage culturel dont il est le vecteur, constituant une sorte de « french touch » éducative. L’EFE est aussi présenté à juste titre comme le seul système régi par une norme souveraine, rendant possible une mobilité scolaire internationale dans un réseau d’établissements qui se conforment à cette norme. Dans la mondialisation actuelle de l’offre, ouvrant l’accès à des parcours de formation supérieure fortement concurrentiels, il sera de plus en plus examiné par les usagers sous l’angle de sa capacité à faire réussir dans tous les cas de figure le futur étudiant dans les études supérieures qu’il projette de suivre. Parmi ces trois critères, liés et également importants, le troisième intervient de plus en plus dans la demande ; il pèsera sur l’avenir de l’école française à l’étranger, qui est déjà soumise à la pression croissante des Etats souverains, de l’offre privée, et à celle des systèmes à portée internationale concurrents.
La Mission laïque française scolarise une majorité d’élèves nationaux; elle est particulièrement concernée par la question de la résilience de notre système scolaire à la détermination par l’aval, le postbac, de la valeur que prêteront demain ses usagers à un parcours scolaire construit par et avec la langue, la culture et les valeurs françaises.
Après un cycle de congrès consacrés aux trois « piliers » de son projet éducatif français à l’étranger (l’expression, l’autonomie, la citoyenneté) et à leur enrichissement par le numérique, la Mlf fait de la mobilité étudiante et de ses effets sur le projet scolaire français à l’étranger l’objet de son congrès 2017.
L’éducation à la citoyenneté, un objet complexe :
Le congrès 2016 de la Mlf-OSUI :
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Le congrès de Dijon, en 2015, a marqué l’acte 2 de la réflexion entamée l’année précédente à Saragosse, avec comme objectif, la capacité de nos établissements à développer un projet avec le numérique. La méthode, les outils, les pratiques ont été questionnés, avec l’idée centrale que le numérique peut être le moteur d’une démarche de projet collectif.
Non pas que le numérique serait a priori l’inhumain, mais la Mlf a souhaité mettre en évidence ce que le numérique peut enrichir d’humain en l’homme « scolaire » : l’élève et l’équipe qui agit autour de lui et pour lui. Dans le premier cas, les compétences à construire sont visées : communiquer, devenir citoyen, construire son autonomie. Dans le second cas, savoir comment le numérique peut construire une communauté plus solidaire autour des apprentissages, et plus conviviale dans les relations qui l’unissent pour la réussite des élèves qui lui sont confiés.
Il n’y a pas de miracle par le numérique, c’est un parcours vers une culture : autant qu’il soit le moins individualiste, le plus participatif, et le plus réflexif possible. La charte numérique permettant de faire cheminer l’établissement vers une conscience et des modalités d’action partagées constitue un outil immédiat, facile d’accès, d’usage, et objectif pour une mobilisation efficace. En même temps, c’est tout le projet d’établissement qui se trouve interrogé et revitalisé – si besoin était – car lui aussi est une démarche vers une culture commune. Il n’est pas impossible que le numérique ait besoin de ce point d’appui-là, et que le projet retrouve des couleurs c’est-à-dire une légitimité et une nécessité que trop d’usage et l’usure ont ternies pour un certain nombre d’enseignants.
Celle de la circulation des idées, des projets, de la mobilité des élèves et de leurs enseignants avec le numérique ou sans lui car rien ne remplace le voyage et le contact humains pour grandir. L’immense apport du congrès de Saragosse (2014) est d’avoir ouvert la voie d’une coopération entre le petit monde éducatif Mlf (l’étranger) et ses partenaires hexagonaux. Ces mondes qui aspirent à se découvrir, au motif que l’éducation est un face à face avec le monde, ont été si peu sensibles l’un à l’autre dans le passé qu’on peut s’étonner de la sous-exploitation mutuelle de leurs potentiels respectifs. Avec le numérique, il n’y a plus de sachants et d’apprenants, tout le monde tâtonne, apprend des autres. Et un établissement scolaire apprend qu’il se construit avec les autres, dans sa proximité, sa périphérie, sa source (nationale).
On attendait du congrès de 2015 qu’il conforte cette mise en relation, entre nos institutions, qu’à l’échelle gérable d’organisations curieuses les unes des autres, des partenariats se développent (entre établissements), des circulations se mettent en place sur projets (la vie scolaire, les CVL, la pédagogie des langues, la réflexion sur les programmes en contexte), des expertises circulent au service de la compétence des personnels. Le numérique est ici un moteur, un prétexte, un outil d’une culture de la quête, de la complicité, du partage.
En somme, ce congrès a été souhaité comme une coproduction, un moment de hardiesse et d’inventions partagées autour de la pédagogie, une vision concrète de l’établissement d’enseignement français tel que le numérique peut apporter dès maintenant, demain, aux élèves qui nous font confiance.
En 2014, à Saragosse, la Mlf a fait réfléchir son réseau sur les multiples facettes de la problématique posée par le numérique dans une pédagogie et une organisation scolaire centrées sur l’élève
Parce qu’il est dans la vie, le numérique est dans l’école. Parce qu’il est partout dans le monde, l’enseignement français à l’étranger doit être un des révélateurs du savoir-faire français. Parce qu’il libère les savoirs sur les canaux de l’information en direct, le numérique modifie profondément leurs modes d’acquisition et de transmission et bien sûr la relation autour des apprentissages. Enfin, parce que nos établissements ne dépendent pour leur fonctionnement et leur équipement ni de l’État ni d’une collectivité territoriale mais des familles, c’est toute la communauté scolaire à l’étranger qui doit se pencher sur le numérique comme levier de réussite, de construction citoyenne, d’outil d’apprentissage de la responsabilité. Et comme coût.
Certains craignent qu’un usage sauvage du numérique ne banalise les savoirs, ne crée des comportements nuisibles à l’humanité et à sa dignité, ne creuse les inégalités quand on proclame qu’il les réduit. Ils n’ont pas tort car cela s’observe tous les jours dans la vie.
Refonder l’école avec le numérique, ce n’est donc ni la vassaliser ni la rafistoler pour l’accueillir comme obligation imposée de l’extérieur. C’est la construire avec un outil qu’il faut observer et apprendre à maîtriser comme une règle de vie individuelle et collective. Comme une nouvelle chance possible pour mieux élever, réunir et innover au service de la réussite et de la responsabilité de tous les élèves. Pour notre école, c’est une conversion.
Quelles sont les ressources, comment les mobiliser ? Comment faire du numérique comme nouvel écrit, un allié sûr pour construire une aptitude à communiquer efficace et une citoyenneté responsable ? Comment en faire l’outil d’une autonomie intellectuelle authentique, donc de liberté ?
Ce sont ces questions qui ont été abordées au congrès de Saragosse en interrogeant l’institution et ceux qui l’animent dans les académies et dans nos établissements à l’étranger, lesquels souvent n’ont pas attendu l’impulsion pour eux-mêmes participer à la révolution de ce siècle.