Overview

L’école est, par excellence, le lieu où l’on apprend : les lettres et les arts, les humanités, les sciences et les techniques. C’est donc d’abord un lieu de sédimentation d’une mémoire universelle des savoirs et des savoir-faire, d’où s’en dispersent à leur tour de nouvelles figures et d’où se déploient les conditions d’un renouvellement de notre monde de la vie. Nul n’aurait donc jamais songé poser la question du rapport de l’école à la vérité, celle-ci traversant naturellement tous les savoirs et nourrissant apprentissages autant que formations. 

Et pourtant, la question est posée. Et elle est posée sans même qu’il soit bien clair qu’il faille la poser, un peu comme par surprise, comme si la question du rapport de l’école à la vérité se posait à notre corps défendant. Car soudain : la question s’impose, non par un simple jeu de complaisance institutionnelle, mais avec une manière d’urgence pratique et comme une injonction intellectuelle. Et si nous étions soudain commis à justifier l’école d’entretenir un rapport à la vérité ? Le bouleversement intellectuel que traduit l’émergence d’une telle question est considérable. Il met en lumière une sourde fragilité de l’institution scolaire et, sans doute, réciproquement, un essaim de petites violences qui lui sont faites au nom de « valeurs » et de « libertés » incertaines. Quel est donc l’enracinement effectif de l’école à « la vérité » ? Quels privilèges est-elle en droit de revendiquer et quels sont ses atouts pour les défendre ?