L’école française à l’étranger est le prolongement du système éducatif français à l’extérieur, elle en suit les règles, les principes, les contenus. Mais les publics auxquels elle s’adresse, les contextes dans lesquels elle se développe, les ressources humaines sur lesquelles elle s’appuie déterminent des modes d’organisation variés, des objectifs spécifiques et des aménagements de contenus. Il n’y a pas seulement un enseignement français à l’étranger, mais des situations à chaque fois particulières dans lesquelles il prend forme, à charge pour les organisations qui en ont la responsabilité de veiller à ce que toutes ces situations soient et restent en conformité avec ce qu’on peut appeler le système source.

Par ailleurs, le concept d’obligation scolaire, qui justifie et organise le système français, disparaît hors de nos frontières. Rien n’oblige un jeune français à être scolarisé dans l’école française quand ses parents s’expatrient ; évidemment, aucun étranger n’est obligé de fréquenter l’école française. Dans les deux cas, cette fréquentation résulte d’un choix délibéré. Même quand l’enseignement français est dans son environnement jugé sans égal, il est exposé à une concurrence croissante. La conclusion qu’il faut en tirer est que pour créer, garder, augmenter notre public, nous devons être les meilleurs.

C’est un des arguments en faveur de ce qu’on appelle « excellence », c’est-à-dire la meilleure qualité possible rapportée aux moyens mis en œuvre et aux résultats. Aujourd’hui, un établissement scolaire est un plateau technique que l’on apprécie à son offre sportive, culturelle, depuis des années informatique, maintenant numérique (en ligne). Cette dernière ressource, auxiliaire d’un enseignement par transmission du maître à l’élève, n’a jusqu’ici pas remis en question la forme de son organisation et de sa fréquentation, même si l’irruption des tablettes numériques dans la classe signale non pas la relativisation du professeur, mais l’évolution de sa pratique, de son rôle, de son métier. En passant d’une situation de ressource extérieure à la classe à celle d’outil de l’apprentissage intégré par le cours, la tablette a fait irruption dans les stratégies pédagogiques, elle fait du groupe classe une collection d’individualités guidées ensemble vers un apprentissage dont elles pourront rapidement s’approprier la démarche en autonomie.

On peut alors imaginer la suite : non pas, comme peuvent le craindre certains, la désaffection du cours, de l’établissement, surtout si l’enseignement, comme on l’a vu, n’est pas obligatoire, mais la nécessité pour ce dernier de repenser l’organisation de la transmission, donc des compétences des professeurs, en même temps que celle des apprentissages, par une pratique qui les rende à la fois plus vivants parce que l’élève est encore plus acteur, mais aussi plus adaptés aux parcours individualisés des compétences, ce qui d’ailleurs va dans le sens de nos réformes. Le primaire, voire le collège resteront, dans la pratique collective, l’espace-temps des apprentissages de base et de la socialisation. C’est au lycée que, l’autonomie s’affirmant, la ressource numérique peut avoir des effets inattendus, parfois déjà perceptibles : le niveau d’exigence montant, le questionnement, voire l’évaluation du cours en direct sont beaucoup plus présents qu’on ne veut le penser, invitant à les considérer comme un fait à intégrer, apprivoiser – en respectant évidemment la déontologie du métier. Là où le public déjà est volatil, par des choix personnels qui peuvent l’inviter à considérer que l’enseignement français l’éloigne de sa culture, ou que la certification française ne lui garantit pas l’entrée dans le cycle universitaire de son choix, alors le risque est réel de voir se confirmer les phénomènes d’exode qui font souvent de nos établissements des lycées inaboutis. On pourra continuer par exemple de consulter des contenus en ligne en français et considérer que cela n’empêche pas de suivre un autre cursus, plus conforme à ce que l’on cherche.

En d’autres termes, c’est à l’avènement d’un enseignement hybride qu’il faut se préparer, reposant à

la fois sur des contenus numériques choisis et des professeurs compétents pour les exploiter dans une conduite d’enseignement profondément renouvelée.

Dans un environnement mondial concurrentiel, rapidement évolutif, l’excellence suppose donc que l’établissement soit équipé, organisé et donc jugé comme la ressource intellectuelle et pédagogique la plus riche et sûre, fiable aussi en termes d’accès aux contenus. Il faut donc penser nos établissements, et d’abord le réseau dans son ensemble, de sorte qu’ils soient équipés et préparés à un renouvellement profond de la pratique pédagogique par le numérique. Tout cela a un coût global non négligeable, qu’il faut intégrer à nos stratégies de développement et de financement des établissements.

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